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Bleu autour

Le plus difficile c’est le téléphone quand il sonne comme si des gens étrangers étaient dans la maison pour écouter tout et comprendre ce qui se passe. Il sonne presque pas presque jamais, on est obligé de répondre on voudrait pas, on laisserait sonner mais ils viendraient, ils viendraient pour voir, ceux qui ont appelé, les gens de la Mairie ou d’une administration, ou ils enverraient les voisins, une des femmes jeunes viendrait. Ils auraient le droit, pour vérifier que tout va bien, comme ils disent, que ce vieux qui vit tout seul est pas tombé, qu’il est pas malade, bloqué dans son lit à faire tout sous lui, ou mort raide la bouche ouverte, ou cassé en morceaux dans un coin de la maison à gémir à se traîner sans pouvoir bouger derrière la porte ou devant la cuisinière avec la plaque électrique allumée que c’est dangereux, on a mis le feu comme ça, des maisons ont brûlé entièrement avec le vieux dedans coincé cuit fait comme un rat. _La Maison Santoire

Marie-Hélène Lafon

Marie-Hélène Lafon, née dans le Cantal en 1962, vit depuis 1980 à Paris, où elle enseigne les lettres classiques. Elle écrit depuis 1996 et publie depuis 2001 romans et recueils de nouvelles, tous parus aux éditions Buchet-Chastel : Le soir du chien (roman, 2001, Points Seuil, 2003), Liturgie (nouvelles, 2002), Sur la photo (roman, 2003, Points Seuil, 2005), Mo (roman, 2005), Organes (nouvelles, 2006), Les derniers Indiens (roman, Buchet Chastel, 2008). En collaboration : Ma créature is wonderful, photographies de Bernard Molins, textes de Marie-Hélène Lafon (Filigranes, 2004), et Cantal, photographies de Pierre Soissons, textes de Benoît Parret, Fabienne Faurie et Marie-Hélène Lafon (Quelque part sur terre, 2005).

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