« Je pense à vous, je vous aime. Le moral est bon. » On écoutait les messages des soldats dans le transistor qu’on avait porté à l’étable. Front appuyé à l’aine des bêtes et prenant leur pis à poignées, on pensait à la guerre, au djebel, aux bras qui manquaient pour les travaux. Je pense à vous. Le monde est en paix. On s’invente une improbable fraternité, on convoque Verlaine ou Rimbaud, et des barbares, des fous, des saints, de quoi faire un peu de chambard dans la cohue héréditaire. La guerre continue, le moral est bon. Je pense à vous, je pense à moi.
Qui pensera à nous ?