L’homme se penche vers elle. Elle a mis sa robe à larges iris bleus, celle qu’elle préfère. L’étranger l’entraîne vers la piste. Ses mains ont la couleur du pain d’épice. Elle ne voit pas son visage. Lorsqu’il parle, elle l’écoute, surprise. Il ne roule pas les « r » comme son ami à l’autre bout de la piste mais elle entend une langue qui ressemble à la langue des livres, une langue que ses amis d’enfance ne parlent pas. Il dit que dans la maison de sa mère il y a un jardin si petit que ce n’est même pas un jardin, une plate-bande, plutôt, plantée d’iris bleus aussi beaux, aussi éclatants que ceux de sa robe. Il parle de ces hauts plateaux arides où il n’y a pas d’eau, des chevaux arabes sur lesquels chassent encore les nobles fauconniers, des chameaux dans la cour de la petite école du Sud, après le portail c’est le désert.
Thème Afrique du Nord