Mais il y a peut-être pire que le pire, pire encore que la honte : le délitement de la mémoire dont la perte absolue, il ne l’ignore pas, s’appelle la mort. Il la sait infiniment redoutable, cette maladie au nom allemand rébarbatif dont on parle à la radio et qui, surtout, a emporté sa femme. Soupçonnant d’en être lui-même déjà atteint, il l’affronte à sa manière, ironique, bravache, qui est censée tromper son monde : « Je me souviens à peine de l’enterrement de mon frère Alphonse. Une chose est sûre, je ne me souviendrai pas du mien. »
Enfin disponible en français, le formidable récit du voyage en voilier de Göran Schildt dans la France d’après-guerre, avec sa femme et ses amis d’un jour ou de longue date, dont André Gide qui faillit passer le saluer au port des Champs-Élysées… Féru de l’écrivain, comme de Cézanne, cet historien... suite
Un 27 juin, le jour de mes vingt ans, je mettais un point final au premier texte de ce recueil. C’était dans un coin reculé du Bois de Boulogne. Assis sur l’herbe, je refermais mon cahier. Il faisait très beau. Autour de moi, personne. Peut-être, dans une allée proche, des passants, dont je ne... suite
Au début, des notes éparses, juste pour ne pas oublier. Puis, au fil des heures passées au chevet de mon père, la trame d’un récit qui ne peut être écrit qu’à la première personne. Rien de plus commun, rien de plus singulier. Ernest aimait les arbres comme les paysans aiment leurs bêtes ; il les... suite
Au nom du père, du fils… Ils portent la main au front, au plexus ou au ventre… Ils ne savent plus le signe qu’on doit faire pour qu’à la fin il en soit ainsi et que tout soit bien. Ils sont bras ballants, au bout de chaque bras un poing fermé. Ils se remettent à la mésentente comme on se met à... suite
Comment vivre séparée de la langue de son père, l’arabe ? Leïla Sebbar témoigne de son obstination d’écrivain face à cette question pour elle lancinante, depuis l’Algérie coloniale, où elle est née d’un père algérien et d’une mère française, jusqu’à Paris, où elle écrit son père dans la... suite
« Je pense à vous, je vous aime. Le moral est bon. » On écoutait les messages des soldats dans le transistor qu’on avait porté à l’étable. Front appuyé à l’aine des bêtes et prenant leur pis à poignées, on pensait à la guerre, au djebel, aux bras qui manquaient pour les travaux. Je pense... suite
De la neige jusqu’au ventre, la dépouille d’un loup fichée sur un poteau, une classe qui prend l’eau, des briquettes de bouse séchée pour le poêle, l’hiver 2002 est rude à Sakızköy, village à flanc de montagne où débarque de l’université le jeune instituteur Azad. Il est poète, aussi. Ses vers ont... suite
Un abécédaire intime et politique : ABEILLE AFLOU AMBOISE BORDEL COLON CONQUÊTE HEIDI INSTITUTEUR LIBRAIRIE MARABOUT PEUGEOT PORT-SAY SHÉRAZADE SINGER TATI TÉNÈS Une perception singulière de la colonisation et du couple Algérie-France. Un abécédaire autobiographique et collectif, avec les textes... suite
Le portrait de treize familles turques installées en France et, au sein de chacune d’elles, celui d’une figure centrale, qui décida d’émigrer. Des autoportraits, plutôt, composés de photos tirées des albums familiaux et de paroles données. Pourtant, bien des Turcs taisent leur histoire intime et... suite
Un carnet de voyages autobiographique de Leila Sebbar, l’inscription de ses Algéries en France. Récits, fictions, entretiens, portraits et reportages, photos, dessins, papiers froissés d’oranges, aquarelles, BD et cartes postales tissent une mythologie affective, une géographie... suite
Après sa trilogie de livres du côté de son père (Mes Algéries en France ; Journal de mes Algéries en France ; Voyage en Algéries autour de ma chambre, Abécédaire), Leïla Sebbar compose avec Le pays de ma mère – Voyage en Frances un ouvrage du même type où se croisent textes et images. Il s’agit... suite
Après son Carnet de voyages, voici ce Journal, une autobiographie collective de la romancière Leïlan Sebbar. Le même désir de mêler l’Algérie à la France. La même tentative obstinée, par les mots, la voix, l’image, d’abolir ce qui sépare. Mais autrement. Au fil des jours, au... suite
Je ne parle pas la langue de mon père et L’arabe comme un chant secret sont deux récits qui se répondent et donnent la clé de l’œuvre de Leïla Sebbar. Ils témoignent de son obstination d’écrivain face à cette question pour elle lancinante, depuis l’Algérie coloniale où elle est née d’un père... suite
Plus qu’à la nature vierge, j’ai assez manifesté que j’étais sensible à la nature transformée par l’homme, et au premier chef aux villes, aux villes qui sont vraiment des villes, les villes orientales en particulier, Le Caire, Fès, Istanbul, avec leurs marchés couverts et leurs souks, dont ne sont... suite
Trente-trois auteurs, fils et filles de la République, donnent un récit inédit de leur enfance en Turquie. Une enfance citadine ou villageoise, entre les années 1930 et 1980. La mosaïque de leurs récits, où se mêlent l’intime et l’histoire, dessine une Turquie plurielle et en mouvement. Certains... suite
Sur un ton ironique, tendre, lucide, nostalgique, tragique, trente-quatre auteurs racontent leur enfance juive dans le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Égypte, le Liban et la Turquie des années 1930-1960. Ils révèlent la fin d’un monde cosmopolite et séculaire, avant l’exil auquel l’Histoire... suite
Nés dans les années 1940 et 1950, quarante-quatre auteurs issus des différentes populations de l’Algérie d’avant l’indépendance racontent leur enfance dans la guerre d’Algérie. C’est inédit. C’est le bon moment puisqu’ils sont les derniers témoins directs du douloureux épilogue de la longue... suite
Vingt-trois auteurs nés de familles de Corse, du continent ou du Maghreb racontent leur enfance corse. Ajaccio, Bastia, Corte, L’Île-Rousse, Porto-Vecchio… Et le village, u paese : Aleria, Arca, Barrettali, Bocognano, Fozzano, Lozzi, Olmo, Ortale, Petreto-Bicchisano, San Gavino di Carbini,... suite
Rosie Pinhas-Delpuech, née à Istanbul, est l’un des rares écrivains turcs de langue française, sa « langue père ». Car elle n’a pas de « langue mère », écrit-elle dans Suite byzantine, la première partie de ce livre. Ni le judéo-espagnol, « domestique », des... suite
C’est l’histoire du retour d’une femme, après des années d’oubli, vers la ville que jadis elle appelait son foyer. Sa relation particulière avec cette ville se résume le mieux par celle qu’elle entretient avec la langue : elle parle cette langue comme une langue maternelle, mais avec un accent.... suite
Ce roman nous apporte la joyeuse nouvelle de la délivrance de l’individu, dont il traduit le monde intérieur. Échappant à toute référence littéraire ou psychanalytique, Tezer Özlü exprime ce qu’elle a “tamisé” de son existence. Elle crée un langage épuré et un style déstructuré pour dire l’enfance... suite
« La chronique saisissante d’une communauté rurale. C’est peu dire que l’écriture est à la hauteur : elle est nette, tendue, puissamment suggestive,et récuse sans mollir tout pathétique. » Sur cet ouvrage, qui valut à son auteur un procès pour atteinte à la vie privée, Jean-Pierre Siméon écrit... suite
Après Les nuits froides de l’enfance, son premier roman « troublant et plein d’éclats » (Le Monde), voici l’autre œuvre majeure de l’écrivaine turque Tezer Özlü, qu’elle a composée en allemand, la langue de l’exil, quatre ans avant sa mort. Dans La Vie hors du temps, elle a les mêmes... suite
Ostie, gants blancs, amour, l’ultime degré de la blancheur a entaillé cet août à la manière du laser. Et, pour la petite fille, dans cette église, il n’y avait plus de Dieu. Il m’avait échappé le matin de ma première communion, le matin de l’évasion manquée. Il n’en restait que cette foi : il... suite
Vingt-huit Français d’Algérie en exil, tous Gens du livre (écrivains, essayistes, conteurs…), donnent un récit inédit et des photographies de leur enfance dans l’Algérie française et coloniale, des années vingt à 1962. On voit, on découvre une Algérie plurielle où l’on vivait « ensemble mais... suite
L’écriture n’est peut-être qu’une illusion. Mais c’est aussi une manière de sauter dans le vide, de défier la mort, surtout si les mots sont devenus une partie intégrante de votre être, une substance indispensable à votre vie, votre univers inéluctable en fait. Néanmoins, on ne peut vaincre la... suite
Un été de solitude. Après une collecte de graines dans la campagne, il a compulsivement exhumé d’anciens jouets de sa fille, s’est mis en quête de milliers d’autres objets minuscules et a entrepris, dans un coin de son appartement, de déployer une ville, sa ville, Abad. Il en a conçu un certain... suite
Cinquante-deux auteurs de cultures musulmane, juive ou chrétienne livrent leurs souvenirs d’école dans l’Algérie française et coloniale. De l’école française, pour « indigènes » ou non, espace de normativité mais aussi, souvent, d’ouverture à l’autre. Et parfois, en parallèle, de l’école... suite