Quand il rencontrait un oiseau parleur, il lui posait des questions ; et si la bête se trouvait ce jour-là disposée à répondre et dialoguait avec lui, il emportait pour jusqu’au soir de la gaieté et du contentement. À regarder les singes aussi il se faisait des bosses de plaisir, et il n’imaginait point de plus grand luxe pour un homme riche que de posséder ces animaux ainsi qu’on a des chats et des chiens. Ce goût-là, ce goût de l’exotique, il l’avait dans le sang comme on a celui de la chasse, de la médecine ou de la prêtrise. Il ne pouvait s’empêcher, chaque fois que s’ouvraient les portes de la caserne, de s’en revenir au quai comme s’il s’était senti tiré par une envie.
De 1870 à 1872, à la faveur d’escales sur les côtes américaines, Julien Viaud, jeune officier de Marine, découvre « les débris de la race indienne » en Nouvelle-Écosse, les Basques d’Uruguay, des tribus perdues de la Terre de Feu, les belles Carmencita de Valparaiso, la fête à San Francisco…... suite
Ce que le lecteur va découvrir, ce n’est pas seulement un corpus de fictions, de récits, de scénarios dont il ne soupçonnait pas l’étendue, mais à quel point « conter » est ici névralgique, pour Louise Michel (1830-1905) et dans sa fin de siècle. Aujourd’hui encore, par un préjugé tenace, la... suite
« Mais qui voudra jamais épouser une négresse ? » Cette question foudroie la jeune Ourika, silencieuse derrière un paravent. Elle a douze ans, c’est d’elle qu’on parle avec inquiétude. Jusque-là, rien ne l’avertissait que sa peau noire pourrait l’empêcher d’être aimée. Sauvée enfant... suite
Nègre. Que faire de ce mot tabou ? Surtout pas le taire, mais l’interroger, pense Françoise Vergès, qui retrace son destin chargé. Lire, par exemple, l’article nègre du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle de Pierre Larousse. Republié ici, cet article d’un héritier des Lumières... suite
Fresque épique, écrite en 1880 et parue à l’origine sous la forme d’un feuilleton, ce roman majeur de Raffi permet de saisir le contexte de la fin du XIXe siècle où se joue le funeste destin des Arméniens. Il s’ouvre sur les massacres perpétrés par les Turcs et les Kurdes en Anatolie durant la... suite
« De même que les hommes qui en ont le goût peuvent envahir la cuisine, les femmes qui y sont instinctivement poussées doivent pouvoir s’occuper de politique. » Signé Hubertine Auclert (1848-1914), que l’histoire retient comme « la suffragette française ». Et pour cause : le vote, pour elle, est... suite
Brûlant de tout savoir d’Elle, François Graveline, gamin, dévora les pages que Pierre Larousse consacra au mot Femme dans son Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle (vol. 8, 1872). Rude initiation. « Les femmes sont d’autant plus passionnées, plus lascives et plus débauchées, qu’elles... suite
Publié ici dans sa version originelle, Bug-Jargal est le premier roman de Victor Hugo, qu’il a écrit à l’âge de seize ans. Il y relate la révolte, en 1791, des noirs de Saint-Domingue et y dénonce l’esclavage. Ce texte à résonance sociale contient déjà en germe l’œuvre future de Victor Hugo. Il... suite
Connaît-on bien Louise Michel ? La célèbre communarde, la fameuse anarchiste, la Grande Citoyenne (1830-1905), oui. Mais l’écrivain et l’« artiste en révolution » ? L’inventrice du « clavier d’outre-rêve », d’un méga-orgue, d’une harpe aux nerfs vivants, de concerts... suite
Alphonsine, Rosine, Louise, Rosalie, Séraphine, Eulalie, Paule… couturière, ouvrière mécanicienne, institutrice, lavandière, giletière, écrivaine…et ambulancière, cantinière, pointeuse d’artillerie, combattante… fusillée, emprisonnée, déportée… et salie, humiliée,... suite
« Les planches d’Éloi Valat donnent à voir une révolution au quotidien, dans sa banalité lyrique, héroïque et tragique. L’artiste s’intéresse au peuple dans sa diversité d’alors : artisans, ouvriers, journalistes, enseignants, jeunes “bacheliers”. Un travail voué au passé et d’une... suite
Après Le Journal de la Commune et L’enterrement de Jules Vallès, ce volume clôt la trilogie consacrée à la Commune de Paris par Éloi Valat. Ses dessins, comme taillés à la hache, donnent à voir une révolution au jour le jour, dans sa banalité lyrique, héroïque, tragique. Il les entoure de textes... suite
Après Le Journal de la Commune, L’Enterrement de Jules Vallès, par le même Éloi Valat. Ce 16 février 1885, cinq ans après l’amnistie et le retour des communards exilés, il y a foule entre le Quartier latin et le Père-Lachaise. Les amis pleurent. Des provocateurs sont éconduits. La police de la... suite
Pour moi, que ma longue expérience a mis à même d’instruire le genre humain, je puis parler avec la confiance modeste d’un savant zoologue. Mes fréquents voyages dans les bureaux m’ont laissé assez de souvenirs pour décrire les animaux qui les peuplent, leur anatomie, leurs... suite
Années 1870. Des insurgés algériens sont déportés en Corse, dans un camp. On leur permet de cultiver leur jardin. Les femmes sont interdites. Naît une petite fille, Louisa, père prisonnier algérien, mère paysanne corse. Louisa est séquestrée dans la grande maison de l’oncle en Algérie, à Tiaret,... suite
« Je n’étais pas né pour m’éparpiller sur toute la terre, m’asseoir au foyer de tous les peuples, me prosterner dans les mosquées de l’Islam, mais pour rester, plus ignorant encore que je ne suis, dans ma province natale, dans mon île d’Oleron (…) », écrit Pierre Loti au seuil de sa vie.... suite
La chambre close qui enferme dans le harem et le studio photographique, la confrérie et l’asile, l’hôtel et le bordel, le foyer des chibanis, la laverie et la prison… La chambre d’amour fou, interdit, clandestin, tarifé, criminel… Le lieu de l’aventure immobile et vagabonde, intime, secrète,... suite
Or une fois, s’étant arrêté presque en extase devant un araraca monstrueux qui gonflait ses plumes, s’inclinait, se redressait, semblait faire les révérences de cour du pays des perroquets, il vit s’ouvrir la porte d’un petit café attenant à la boutique du marchand d’oiseaux, et une jeune... suite