Loti, qu’on a souvent réduit à un « écrivain des jours heureux », s’engage. Avant-guerre comme après-guerre, il se fait « le champion de la cause turque, du maintien du Croissant sur les rives du Bosphore ». Quitte à s’égarer lorsqu’il s’en prend aux Arméniens, aux Bulgares, à « la Grécaille ». Mais s’égare-t-il quand, « devant la menace d’un soulèvement général de l’Islam », il préconise de « renoncer à une folle gloutonnerie de conquêtes » et de « tendre la main à l’Islam qui nous a fourni sans marchander tant de milliers de braves combattants » ?
Le quai de Paimpol, le lendemain matin, était plein de monde. Les départs d’Islandais avaient commencé depuis l’avant-veille et, à chaque marée, un groupe nouveau prenait le large. Ce matin-là, quinze bateaux devaient sortir avec la Léopoldine, et les femmes de ces marins, ou les mères, étaient toutes présentes pour l’appareillage. – Gaud s’étonnait de se trouver mêlée à elles, devenue une femme d’Islandais elle aussi, et amenée là pour la même cause fatale.
_Pêcheur d’Islande