J'observe l'armée des Sauveurs qui ratisse au peigne fin les environs de la Tour. Ils se pourlèchent encore les babines du butin d'hier, déjà avides de celui d'aujourd'hui.
Ils l'obtiendront.
Les champignons. Lena s’inquiète, elle n’a que vingt ans, pas beaucoup d’expérience. Elle n’ose pas demander de l’aide. Elle marmonne, Je les mets à dégorger ? Dégorger, égorger, de quoi parle-t-elle dit Rose. Des mots de chair et de sang. Léna dit encore, coupant le rumsteak qui suivra la quiche,... suite
Kulwant Kaur resta un moment silencieuse, avant de sursauter : « Mais je ne comprends pas ce qui t’est arrivé cette nuit-là. Tu étais bien, là, couché avec moi, tu m’avais parée de tous les bijoux que tu avais rapportés de tes pillages en ville, tu étais en train de m’embrasser et d’un... suite
À gauche du carrefour s’est ouvert un parking. Longtemps il est resté presque vide. On y voyait quelquefois la camionnette du boucher, la Renault R5 de la poste lorsque le facteur montait le sentier qui conduisait aux fermes, une ou deux voitures d’inconnus qui pêchaient dans la rivière. Lia... suite
Pour moi, que ma longue expérience a mis à même d’instruire le genre humain, je puis parler avec la confiance modeste d’un savant zoologue. Mes fréquents voyages dans les bureaux m’ont laissé assez de souvenirs pour décrire les animaux qui les peuplent, leur anatomie, leurs... suite
Sait Faik Abasıyanık. Derrière ce nom, encore inconnu en France, et cette vie brève, à la charnière de l’Empire ottoman et de la jeune République turque, se cache un rôdeur affamé d’humanité dans les bas quartiers cosmopolites d’Istanbul. « Écrivain des troisièmes classes »,... suite
Dans cette fable d’une troublante actualité Moris Farhi, né d’une famille juive d’Ankara et grand écrivain de langue anglaise, raconte « l’entreprise de mort » d’une « armée des Sauveurs » assaillant la jeunesse d’aujourd’hui… Le texte... suite
Tout allait bien jusqu’à ce que l’on s’aperçût que le cheval s’était mis à trébucher souvent. Une fois, il lui arriva même de tomber sur son avant-train, restant ainsi sans bouger jusqu’à ce que le capitaine eût dégagé ses pieds des étriers. suite
Quand tu auras fini, nous redescendrons à pied. Tu sais, le marchand de feuilletés au fromage que nous aimons bien dans le Marché égyptien, celui qui a des canaris, nous déjeunerons chez lui. On peut se permettre ce festin pour une fois ! L’aller-retour à pied jusqu’à Cagaloglu ne nous... suite
Lam, sous-officier. L’Indochine, l’Algérie, la femme des Aurès, ses yeux noirs. Puis la France. Il cherche sa mère, ses sœurs, de Sainte-Livrade à Noyant d’Allier, cité asiatique dans les anciens corons de la mine, où rôde une étrangère. suite
Années 1870. Des insurgés algériens sont déportés en Corse, dans un camp. On leur permet de cultiver leur jardin. Les femmes sont interdites. Naît une petite fille, Louisa, père prisonnier algérien, mère paysanne corse. Louisa est séquestrée dans la grande maison de l’oncle en Algérie, à Tiaret,... suite
La même chanson est remise sur le juke-box. C’est la troisième fois. Au comptoir, les clients se redressent, ils se retournent vers l’appareil. Les Français parlent aux Français, s’exclame encore l’homme. Sa compagne éclate de rire. Elle repose précipitamment son verre de bière et se tient le... suite
« Bâtard fils de pute. » On insulte ainsi l’enfant né en Indochine. Père, tirailleur algérien. Mère, brodeuse à Saigon. Il a vingt ans lorsqu’il arrive – après quelles pérégrinations ? – sur les Hauts plateaux algériens. Il cherche son père, il erre à travers la steppe et la... suite
Dans la maison Santoire on baisse pas, on part d’un coup ou en trois mois, pas le temps d’engraisser les docteurs et les infirmières qui empêchent pas de mourir. C’est la maison qui veut ça, partir d’un coup, net propre sec. suite
Dans la maison tunisienne. L’une, Isabelle, jeune aristocrate russe. L’autre, Khadija, vieille servante affranchie. Isabelle raconte ses nuits dans le quartier des bordels, Khadija son enfance de petite fille pauvre raflée pour les maisons closes de Tunis. Avant le désert, Isabelle écoute le rêve... suite
Elle le regardait. Personne ne l’avait regardé ainsi. Une lumière obscure, le silence et la paix, un monde nouveau. Il avait osé lui parler. C’était les mêmes mots que ceux qu’il avait écrits. D’où lui venaient-ils ? De ce nouveau monde qui se découvrait en lui ? Il parlait, faisait des... suite
Colomban a une chevelure bien longue et drue, complète. Sa chevelure tombe tout autour de sa sainte tête et fait une tente pudique où viennent s’abriter oiseaux, lichens, plaintes et rumeurs, et les souris sauvées de l’eau. Les rats grimpent pour y nicher. Sous sa chevelure, son visage... suite
À quatre heures et quart passées, la chaleur était aussi intense qu’à midi. En sortant sur le balcon, il vit dehors une fille assise en tailleur qui se protégeait du soleil à l’ombre d’un grand arbre. Elle avait le teint tellement foncé qu’elle se fondait dans l’ombre. Surinder eut immédiatement... suite
Or une fois, s’étant arrêté presque en extase devant un araraca monstrueux qui gonflait ses plumes, s’inclinait, se redressait, semblait faire les révérences de cour du pays des perroquets, il vit s’ouvrir la porte d’un petit café attenant à la boutique du marchand d’oiseaux, et une jeune... suite