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Bleu autour

Moi je pensais à quelque chose, Toi à autre chose. Deux mondes différents tournaient dans nos yeux. Ceux qui nous regardaient se leurraient, Ils mélangeaient le tien Avec le mien. _Après moi le bonheur

Özdemir Asaf

Halit Özdemir Asaf est né le 11 juin 1923 à Ankara, où son père, juriste et préfet, avait été appelé en 1922 par Atatürk pour contribuer à la fondation du Conseil d’État de la nouvelle République, dont il deviendra membre. À la mort de son père, dès 1928, sa mère déménage avec ses deux enfants, Özdemir et sa sœur jumelle Özgönül, auprès de sa famille à Istanbul où le futur poète, suivant la volonté d’Atatürk qui veillait sur lui et les siens, est inscrit dans une école primaire française puis au fameux lycée public francophone de Galatasaray. En 1934, conformément à une loi s’appliquant à tout citoyen, il se voit doter d’un nom de famille, Arun, choisi par sa mère.
L’année suivante, le jeune homme, féru de littérature, publie son premier texte dans une revue. Puis, après avoir achevé ses études secondaires au lycée de Kabataş, il entame en 1942 des études de Droit et bientôt de Sciences économiques à l’Université d’Istanbul. Il y rencontre Sabahat Selma Tezakın qu’il épousera en 1946, qui lui donnera une fille, Seda, et dont il divorcera en 1961.
Après s’être essayé brièvement au journalisme, la littérature ne tarde pas à l’absorber : il collabore à différentes revues et, entre 1945 et 1962, traduit des œuvres de plusieurs auteurs français (Du Bellay, Hugo, Baudelaire, Musset, Apollinaire, Claudel, Eluard…). En 1950, il fonde une imprimerie, Sanat Basımevi (Imprimerie d’Art) et, cinq ans plus tard, une maison d’édition, Yuvarlak Masa (La Table ronde), où il publiera ses premiers recueils de poèmes : Dünya Kaçtı Gözüme (Le monde s’est enfui dans mon œil, 1955), Sen sen sen (Toi toi toi, 1956), Bir Kapı Önünde (Au seuil d’une porte, 1957), (Au-delà de l’impalpable, 1962). Il y publiera aussi, en 1961, ses premiers écrits « éthiques » sous le titre Yuvarlağın Köşeleri (Les Coins du rond).
Entretemps, en 1955, il prend sur un coup de tête un bateau pour les États-Unis et, à son retour, deux mois plus tard, fait la connaissance de Yıldız Moran, l’une des premières grandes photo­graphes turques, qu’il épouse en 1962, dont il aura trois fils, Gün, Olgun et Etkin, et qui traduit en anglais une partie de son œuvre poétique dans un recueil titré To go to, qu’il publie en 1963. Avec elle, il traduira en turc et éditera en 1968 le déchirant et long poème d’Oscar Wilde, The Balad of Reading Gaol (Reading Zindanı Balladı), en s’appuyant pour sa part sur la lecture qu’en a faite André Gide (La Ballade de la geôle de Reading).
En 1970, Özdemir Asaf ferme sa maison d’édition et ouvre un café littéraire sur les bords du Bosphore, à Bebek, tandis que son dernier recueil de poèmes, Nasılsın (Comment vas-tu ?) sort des presses de l’imprimerie Gün. Les deux derniers recueils qu’il publiera de son vivant, Çiçekleri Yemeyin (Ne mangez pas les fleurs) et Yalnızlık Paylaşılmaz (La solitude ne se partage pas), paraissent respectivement en 1975 et 1978 aux éditions Bilgi et Cem. En 1980, le poète, qui tombe malade, ferme son café. Il s’éteint le 28 janvier 1981. Suivant ses vœux, il est enterré au cimetière d’Aşiyan qui jouxte la forteresse de Rumeli et surplombe le Bosphore.
En 1982, l’écrivain et chroniqueur Doğan Hızlan contribue à l’édition du recueil Benden Sonra Mutluluk (Après moi le bonheur) qui comprend les poèmes alors inédits d’Özdemir Asaf, tels qu’il les avait préparés de son vivant pour publication. Puis ses fils Gün et Olgun et sa femme Yıldız s’attachent, dans les années suivant sa mort, à réunir et publier, respectivement, l’ensemble de ses écrits « éthiques » (à nouveau sous le titre Yuvarlağın Köşeleri, Les Coins du rond, 1986), de ses nouvelles (Dün Yağmur Yağacak, Hier il va pleuvoir, 1987) et de ses essais et autres notes autobiographiques (Ça, 1988), avant que les éditions Yapı Kredi (YKY, Istanbul) ne publient, entre 2008 et 2010, ses œuvres complètes en quatre volumes, dont les deux premiers abritent ses poèmes et les deux suivants ses textes en prose.
Enfin, la fille d’Özdemir Asaf, Seda Arun, publie les lettres de son père à sa mère, Sana Mektup­­lar (Lettres à toi, Doğan Kitap, 2010), et travaille à la nouvelle édition de Reading Zindanı Balladı augmenté de l’essai consacré à Oscar Wilde par son père (éditions Kirmizi, 2011). Puis elle prépare l’édition de Sen bana Bakma / Ben Senin Baktığın Yönde Olurum (Ne me regarde pas / Je serais dans la direction de ton regard), ouvrage avec cd qui donne à entendre la voix d’Özdemir Asaf (YKY, 2012).

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