Attilâ İlhan (1925-2005), né à Menemen, dans la province d’Izmir, tôt poète et militant communiste, envoie à seize ans un poème de Nâzım Hikmet à la fille qu’il aime, ce qui lui vaut un renvoi du lycée, plusieurs mois de prison et une interdiction d’études (1941). Après la levée de celle-ci et deux années de droit, il part pour Paris dans l’intention première de « sauver Nâzım Hikmet ». Il y passera quelque six années, à la faveur de plusieurs séjours qui l’ont profondément marqué. En Turquie, il sera journaliste à Izmir et Istanbul, scénariste sous le pseudonyme d’Ali Kaptanoğlu, romancier, essayiste et traducteur (de Malraux, Aragon). Nourri d’une poésie populaire où il puise un souffle épique (Duvar / Le Mur, 1948), il évolue, sans renier ses convictions, vers un romantisme lyrique à partir de Boulevard des Brumes (Sisler Bulvarı, 1954), réalisant une synthèse originale de la poésie du Divan et de la poésie française contemporaine. Il influence fortement sa génération, celle du « Second Nouveau », dont il devient l’une des principales figures.